Les collégiens, lycéens et étudiants reçoivent peu d’information sur les bonnes pratiques pour bien réviser et mémoriser à long terme. Certains points paraissent évidents (en classe – être attentif, faire les exercices demandés, prendre des notes, poser des questions – et à la maison – ne pas attendre le dernier moment, réviser au calme, éteindre les écrans pendant les révisions…).
Cependant, il arrive que, même en prenant ces précautions pour bien réviser, les résultats soient décevants en rapport avec le travail personnel et les efforts fournis. Cela est lié au fait que de nombreux élèves et étudiants se contentent de relire leurs leçons pour les comprendre et les mémoriser.
Les recherches en neurosciences proposent des piliers solides pour bien réviser :
Nous apprenons mieux quand nous espaçons les sessions de révisions dans le temps plutôt que quand nous les regroupons. Mieux vaut donc espacer les séances de révision et revenir régulièrement sur un même sujet pour le réactiver. C’est justement cet espacement qui entraîne des efforts (la mémoire “force” pour remobiliser les informations) et c’est précisément ces efforts qui assurent la mémorisation à long terme.
Par exemple, 1/4 d’heure par jour pendant 8 jours vaut mieux que deux heures en un jour.
Par ailleurs, la courbe de l’oubli montre qu’il faut convaincre le cerveau de ne pas effacer les informations importantes. Pour l’en convaincre, c’est à nous de jouer. Si on revoit le soir les notions travaillées en classe le jour même, le cerveau nous récompense en conservant l’information en mémoire pendant une semaine car il a compris qu’elle est importante. Si on réviser ces mêmes notions une semaine après, le cerveau se dit alors qu’elle sont vraiment importantes et les conserve pendant 1 mois. Enfin, si on les revoit une quatrième fois au bout d’un mois, les notions sont conservées en mémoire 6 mois.
Se tester comporte plusieurs avantages quand on cherche à bien réviser :
Se poser des questions à soi-même est biaisé quand l’information est encore dans la mémoire à court terme (c’est-à-dire le jour même du cours ou tout de suite après avoir relu la leçon). Tout l’intérêt repose bel et bien sur l’effort fait pour retrouver l’information dans la mémoire à long terme, sans support sous les yeux ni réactivation préalable.
Ces résumés peuvent prendre plusieurs formes :
Enseigner aux autres consiste simplement à expliquer aux autres (des camarades de classe, des amis, de la famille…) ce qu’on a compris et retenu. Nicolas Boileau, écrivain français, disait déjà au XVII° “Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.”
Expliquer aux autres oblige à intégrer des informations, les résumer, les mettre en lien, les définir clairement et est un bon indicateur du niveau de maîtrise des concepts en question.
Ces liens peuvent être de plusieurs natures :
Cela suppose d’avoir un stock de connaissances suffisant pour pouvoir raccrocher les nouvelles informations à des éléments présents et compris dans la mémoire (d’où l’importance d’une bonne culture générale, d’un niveau de vocabulaire élevé et d’une bonne compréhension des chapitres précédents pour construire les nouveaux apprentissages sur une base solide).
Inventer des histoires à partir des éléments d’une leçon à mémoriser aide à se souvenir à long terme. Plus l’histoire est détaillée, personnelle, amusante, bizarre et exagérée , plus la mémorisation est efficace.
Des éléments de la leçon peuvent devenir des personnages et l’histoire peut être accompagnée de dessins ou bien d’un film mental.
Lire aussi : 8 techniques pour créer ses propres moyens mnémotechniques
La qualité de l’étape d’encodage (les toutes premières secondes d’apprentissage) est déterminante pour la réussite de l’apprentissage. Comment bien réviser ? En utilisant tous les sens pour retravailler l’information (juste relire n’est jamais suffisant !).
La qualité de l’encodage peut être assimilée au nombre de “poignées” qu’on peut utiliser pour accéder à une information. Plus les poignées qu’on crée au moment de l’apprentissage sont nombreuses, plus il sera facile d’accéder à cette information ultérieurement. Les poignées qu’on peut ajouter tournent autour du contenu, du moment et de l’environnement.
Par exemple, mixer autant de poignées que possible :
L’efficacité du procédé mnémotechnique connu sous le nom de “palais de mémoire” s’appuie sur la mémoire visuelle et les associations.
Cette technique s’appuie sur plusieurs principes de base :
Du moment que vous respectez ces principes (qui exploitent le fonctionnement de la mémoire), vous obtiendrez de bons résultats. Pour ne pas mélanger les infos, il faut que vous repériez ce que chacune a de spécifique et que vous mettiez en évidence les différences (voire que vous les exagériez). Mais tout ce processus demande du travail, de l’imagination et de la réactivation pour être efficace.
Lire : 6 étapes pour créer un palais de mémoire (mémoriser efficacement à long terme)
Les études en neurosciences ont montré que nous avons un temps limité de concentration. Au bout de 10 minutes sur un même sujet et dans une même situation, le niveau d’attention diminue. Dans les écoles en Finlande, les élèves ont même droit à des récréations de 15 minutes toutes les 45 minutes !
Ainsi, pour bien réviser, la technique de révision Pomodoro utilise la propension du cerveau à faire des associations pendant les pauses. Le cerveau a tendance à faire des associations et des liens entre des idées sans que nous y pensions. La technique Pomodoro permet de planifier des séquences de travail pour tirer parti des temps de pause lors des révisions. Des séances de 25 minutes sont systématiquement suivies de 5 minutes de pause. Ces pauses sont encore plus efficaces quand elles sont faites en mouvement. Des études ont montré que nous devrions bouger 1 à 2 minutes minimum TOUTES les heures d’éveil… et même danser !
Pour aller plus loin : Pomodoro : une technique de révision surprenante et efficace
J’ai découvert la méthode SQLRR (PQRST en anglais) dans la brochure Pédagogie et neuropsychologie : Quelles stratégies
pour les enseignants ? de Rémi Samier et Sylvie Jacques.
Cet acronyme correspond aux gestes mentaux à effectuer pour bien apprendre des leçons ou des cours :
Source : La pédagogie positive (Akoun et Pailleau)
Dans leur livre Neuropsychologie et stratégies d’apprentissage, Rémi Samier et Sylvie Jacques proposent différentes stratégies de mémorisation efficaces et complémentaires. Ces stratégies sont utiles pour bien apprendre ses leçons et peuvent être présentées aux élèves pour leurs séances de révisions et devoirs :
Télécharger la carte au format PDF pour bien apprendre ses leçons : carte mentale mémoriser
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Source : Neuropsychologie et stratégies d’apprentissage :
concrètement, que faire ? Comprendre les fonctions cognitives pour mieux
accompagner les élèves en difficulté de Rémi Samier et Sylvie Jacques (éditions Tom Pousse)
Créer des aides-mémoire personnels facilite la mémorisation des leçons. Plus les aides-mémoire sont personnels, plus la mémorisation est efficace est long terme.
Les aides-mémoire peuvent prendre des formes multiples : encodage visuel (ex : transformation de la leçon en schémas ou en images), carte mentale, moyens mnémotechniques, associations d’idées, acronymes, histoires, musique ou chanson (ex : réciter une poésie sur l’air d’une chanson connue et appréciée)…
Ces aides-mémoire agissent comme des déclencheurs de mémoire parce qu’ils sont associés au contenu étudié et servent “d’explorateur de fichiers” dans le cerveau.
Je vous propose 5 exemples d’aides-mémoire pour renforcer la mémorisation des leçons :
Pour mieux mémoriser, la reformulation et la transformation sont de précieux alliés. En ce sens, l’usage de l’image et de la main favorise une mémorisation de qualité à long terme.
Par exemple, une représentation visuelle de la circulation sanguine dans le corps humain peut aider les étudiants à se souvenir d’informations détaillées.
Se servir d’associations d’idées (comme des métaphores) peut aider à renforcer la mémorisation.
Par exemple, le plasma est comme un fleuve, et les différentes cellules sanguines sont des bateaux qui flottent dans le courant.
Inventer des histoires à partir des éléments d’une leçon à mémoriser aide à se souvenir à long terme. Plus l’histoire est détaillée et personnelle, plus la mémorisation est efficace. Des éléments de la leçon peuvent devenir des personnages et l’histoire peut être accompagnée de dessins ou bien d’un film mental.
Par exemple, chaque cellule sanguine a un travail important : les globules blancs défendent l’organisme contre les microbes; les globules et les plaquettes flottent dans un liquide appelé plasma.
Un acronyme est un mot inventé expressément pour aider à mémoriser des listes, des mots et des informations. Chaque lettre de l’acronyme représente la première lettre du terme ou de l’expression à mémoriser.
Les différentes parties du corps peuvent constituer de bons aides-mémoire.
Par exemple, il est possible de se servir des 5 doigts de la main pour associer une information à chaque doigt.
L’encodage multiple (stimuler plusieurs sens et donc combiner plusieurs sortes d’aides-mémoire). Cette approche permet aux apprenants de mobiliser plusieurs sens (vue, toucher, ouïe, odorat, goût, équilibre..) pour mieux mémoriser une leçon et faciliter la restitution. Il est également possible de se servir de l’environnement (meuble, panneaux de signalisation, jouets…) pour associer des faits ou informations avec les objets d’une pièce.
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Source : Aidez votre ado à apprendre: 80 techiques pédagogiques positives en images de Carol Vorderman (éditions Eyrolles)
L’objectif pour réviser avec efficacité ne devrait jamais être de relire et survoler un texte/une leçon mais de se poser des questions sur le contenu et de chercher des réponses dans la seule mémoire, sans les avoir sous les yeux dans un premier temps.
On apprend mieux quand on est confronté à des problèmes sans avoir la solution sous les yeux (plutôt que de faire l’inverse ou de simplement lire une leçon ).
Réviser avec efficacité est donc favorisé par une posture active dans les apprentissages. Apprendre, réviser, mémoriser demandent des efforts. Cela ne veut pas nécessairement dire de la souffrance mais le fait de poser et répondre à des questions, de réfléchir, de synthétiser, de réorganiser des informations, de récupérer des informations en mémoire sans support, de faire des liens et associations, de trouver des exemples, de changer de sujets régulièrement pour remobiliser ce qui a été appris précédemment, de revenir en arrière…
L’apprentissage est un travail difficile et se donner du mal accroît les capacités intellectuelles. En même temps, la joie est l’émotion de l’apprentissage.
Ainsi, varier les stratégies d’apprentissage en optant pour des techniques d’apprentissage actif permet à la fois de se donner du mal et de rendre l’expérience d’apprentissage plus intéressante. La joie intervient à la fois dans le processus (trouver la réponse juste, créer des fiches de révision esthétiques, sentir les progrès, réaliser une belle carte mentale, trouver des exemples pertinents…) et dans les résultats (fierté dans la réussite, déclic de compréhension, joie d’expliquer et enseigner aux autres ce qui est compris…).
Ces stratégies d’apprentissage ne seront efficaces qu’à condition d’espacer les séances de révisions et de revenir régulièrement sur un même sujet. Par exemple, réviser avec efficacité peut passer par le fait de se forcer à répondre tous les mois à des flash cards préalablement conçues pour retrouver le savoir acquis et le réactiver de manière régulière
Il est faux de croire qu’on peut graver quelque chose dans sa mémoire en se contentant de le répéter. Il est utile de s’entraîner mais ces répétitions ne seront efficaces qu’à condition d’être espacées. C’est justement cet espacement qui entraîne des efforts (la mémoire “force” pour remobiliser les informations) et c’est précisément ces efforts qui assurent la mémorisation à long terme… et des révisions efficaces.